Bénédicte Bury est intervenue dans le cadre du colloque du Conseil des Barreaux européens (CCBE) «Intelligence artificielle -justice humaine» organisé le 30 novembre 2018 à l’Université Catholique de Lille.
Le CCBE est reconnu comme porte-parole de la profession d’avocat en Europe et représente, à travers ses membres, plus d’un million d’avocats européens.
Le 30 novembre 2018, le CCBE a organisé un colloque sur le thème « Intelligence artificielle -justice humaine» qui a réuni à L’Université catholique de Lille plus de 400 participants, avocats, bâtonniers, étudiants en droit et experts en intelligence artificielle (IA) de toute l’Europe.
Les Ateliers
Les thèmes et les questions abordés par les intervenants durant la table ronde étaient davantage développés dans les 8 ateliers thématiques organisés, parmi lesquels un sur la formation co-animé par Bénédicte Bury.
Chaque atelier abordait un thème choisi en lien avec les enjeux et défis que pose l’usage de l’intelligence artificielle et la numérisation de la justice et des services juridiques. Conçus comme de véritables laboratoires de discussion, ces ateliers avaient pour but d’analyser les problématiques et de chercher des approches pratiques afin de relever les défis de manière appropriée et d’anticiper les risques possibles, dans l’idée de servir au mieux les intérêts du justiciable. Les participants y ont partagé leurs avis, leurs expériences et leur expertise.
Les conclusions de cette interaction ont été restituées à la fin du colloque, pour être ensuite traitées au sein des comités et groupes de travail du Conseil des Barreaux européens (CCBE).
Atelier Quelle formation au 21e siècle ?
Animé par Bénédicte BURY et Nacim IHADDADENE
Peut-on former un avocat au XXIème siècle de la même manière qu’au XXème siècle ? Quelle place pour le droit dans la formation des juristes, si seules les machines peuvent en maîtriser la croissance et les changements perpétuels ? Faut-il apprendre le droit ou apprendre à penser comme un juriste ? Quelles sont les nouvelles compétences qui sont nécessaires pour exercer la profession ?
Atelier le 30 novembre à 10h45 et restitution en plénière à 15h30 par Bénédicte BURY, membre du comité Formation du CCBE, vice-présidente de l’ACE (Avocats conseils d’entreprises), avocate au Barreau de Paris
4 idées force ont émergé lors de cet atelier
Enseignants, avocats intervenants à l’université et élèves ont témoigné de leurs attentes : tous se rejoignent sur la nécessité d’une approche visant à l’acquisition de compétences plus que de connaissances, tant en formation initiale (université) qu’en formation professionnelle.
1. Réflexion globale sur l’enseignement du droit à l’université, où il est recommandé de mettre l’accent sur le raisonnement juridique plus que sur les connaissances ponctuelles.
2. Pour la formation professionnelle : de même pour l’enseignement à la pratique du droit dans les écoles d’avocats et en formation continue
insister sur les nouvelles compétences, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle (colloque d’aujourd’hui) avec le premier niveau, la compréhension des outils (algorithmes, intelligence artificielle) avant de passer au niveau 2 où apprendre à concevoir avec des ingénieurs, à créer des formations avec des intervenants pluridisciplinaires.
3. Créer dans les écoles d’avocats des laboratoires de réflexion sur la conception de nouveaux produits, avec la participation des intervenants de l’ecosystème du droit : avocats, élèves mais aussi clients.
Idéalement ces laboratoires pourraient avoir une dimension européenne.
4. Développer les mini-certificats de compétences (Open Badges*) via des formations en ligne courtes et opérationnelles, telles que celles proposés par l’Université de Strasbourg sur sa plateforme d’apprentissage en ligne (Moodle).
* Les open badges : un outil au service de la reconnaissance des apprentissages
À propos du colloque
À l’heure de l’émergence de l’intelligence artificielle dans le domaine de la justice, une nouvelle révolution est en marche. L’intelligence artificielle promet de réduire les tâches répétitives et chronophages, d’accélérer les procédures judiciaires, de faciliter la tâche du juge et de rendre les décisions judiciaires plus fiables et plus équitables.
Mais l’utilisation d’algorithmes par le système judiciaire, l’exploitation massive des données judiciaires ou l’utilisation de systèmes d’apprentissage automatique soulèvent de nombreuses questions et constituent un véritable défi pour l’institution judiciaire et les avocats.
Des principes essentiels tels que le principe du contradictoire ou l’égalité des armes peuvent être fortement influencés par l’utilisation de l’intelligence artificielle.
De quelle manière est-il possible d’encadrer le développement et l’utilisation d’outils et d’applications reposant sur l’intelligence artificielle afin de garantir les libertés et droits fondamentaux des citoyens ? Quelles seront les garanties procédurales permettant de débattre des diagnostics fournis par les systèmes intelligents ? Comment sera-t-il possible d’évaluer la qualité des données recueillies et utilisées par les algorithmes ? De quelle manière la formation des avocats doit-elle évoluer pour qu’ils puissent détecter et de corriger la partialité des algorithmes ? De quels outils les cabinets d’avocats auront-ils besoin pour assister et défendre efficacement leurs clients ? Enfin, quelle sera la place respective des humains et des machines dans la justice de demain ?
Ces questions et bien d’autres seront abordées au cours du colloque de Lille, qui réunira des praticiens du droit, des barreaux et des universitaires de toute l’Europe.
Le colloque en français et en anglais (avec interprétation simultanée)
Colloque validé au titre de la formation continue des Avocats en France.
Ce colloque est également agréé comme formation continue à hauteur de 7 heures en Finlande.
Site web du Colloque : https://www.ccbeconference.eu/fr/